jeudi 11 novembre 2010

Paroles


Tentons nous à l’expliquer. Avec mes mots à moi.
Peut être le plus simple, serait de dire comment cela m’a envahi. Moi. C’est aussi le plus dangereux. Mais s’il y a bien une chose dont je me protège le moins, c’est bien celle-ci.
Parce que si je m’étais protégé, je t’aurais fui comme il se devait. Deux fois. La première, et la dernière.

Mais je suis encore là.

Je disais donc, pourquoi, pourquoi ai-je été envahi.
Elles, elles ne savent pas m’écouter, elles ne savent pas m’entendre, elles ne savent pas me comprendre. Mes mots s’envolent et tombent à plat, comme s’ils n’avaient pas de sens, comme si c’était une opinion terne et banale sans intérêt véritable. Il n’y a pas d’écho, juste une moue polie, un sourire d’incompréhension, voire de désapprobation.
Parfois, à force de chutes inutiles d’un sujet ou d’un autre, on fait une petite pirouette, et on se retrouve à passer du coq à l’âne. On retrouve un espoir de quitter le plancher, de s’envoler dans des sphères plus lumineuses, mais on retombe, inexorablement. Les sourires gênés se prolongent, les blancs apparaissent, le charme est rompu. Et même non, le charme ne se rompt pas, il ne le peut, il n’a même pas eu le temps d’être.
Parfois, tout n’est pas si terne. Il y a les rires, les acquiescements, quelques anecdotes croustillantes, une lueur d’intérêt, un once de sensibilité, un peu de concordance, du répondant même. Mais après quelques joutes stimulantes, on aperçoit tristement les limites. L’ennui guette, alors on en revient aux recettes qui faisaient effet, mais on fait l’effort. C’est pathétique.

Avec elle…
Il n’y a ni blanc, ni sourire gêné. Chaque mot est clarté en moi. Chaque anecdote me captive. Chaque mot incompris requiert mon attention, alors j’écoute, j’entends, j’acquiesce ou réfute. C’est comme progresser ensemble, elle comprend chacune de mes incompréhensions, chacune de mes questions, et elle y répond avec tant de justesse. Enfin un peu de stimulation, un peu de répondant. Tout s’enchaîne, tout se recoupe pour créer un amas sans fin d’histoires intéressantes, qui petit à petit commencent à la définir. Je peux enfin apercevoir quelqu’un, enfin. J’aperçois qui elle est, et cela me plait.
Sans fin, c’est cela. Je n’en viendrais jamais à bout, je ne m’en lasserais pas. On peut discourir de tout. Inutile de s’accorder sur tout, on sait que les différences sont bonnes à prendre, qu’elles servent à mettre à l’épreuve nos argumentations encore fragiles. Alors on découvre nos failles, on les corrige et on progresse. On comprend mieux l’autre, et on se comprend mieux soi-même.

Mais tout cela paraît bien intellectuel. Chiant, si l’on préfère. Et pourtant il n’en était rien. Peut-être un mortel parmi les communs nous jugerait chiants, mais qu’est ce qu’on en a bien à faire. Car nous, on aimait ça. Car tout cela restait merveilleusement emprunt de légèreté. On s’amusait. L’intérêt ne tuait en rien le plaisir, il le transcendait.

Et dans ce cas rien ne sert de conclure.

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