jeudi 11 novembre 2010

Naissance

Au départ il y a une rencontre. Nouvelle, douce ou fougueuse, toujours surprenante, stimulante, mystérieuse. Avec ce goût fruité, qui donne envie d’y revenir, de revoir l’autre, de continuer à partager, à découvrir. Elles s’enlacent et ce premier contact est tout, rien ne peut continuer sans la magie de celui-ci. Et la magie est là.

Puis s’installe une période féerique. On explore, le sourire aux lèvres à chaque chose que l’on ressent le désir de partager, on sent une odeur qui commence à devenir familière, plaisante et excitante. On a tant de plaisir à se revoir, à s’enlacer, à partager tant de petites choses pour la première fois. Ces préliminaires nous font perdre nos sens, tant de plaisir nous fait oublier les convenances, les tracas du monde qui nous entoure. Seul persiste un cocon rassurant, dans lequel deux êtres se retrouvent enfermés par leur désir d’aller plus loin, ensemble.

Vient une apothéose. Les êtres qui s’enlacent commencent à s’imbriquer, tels deux pièces de pâte à modeler qui s’arrange pour n’être plus qu’une. On décide d’être quelqu’un de particulier pour l’autre, on a plaisir à arrondir les angles, pour laisser à l’autre une place à l’intérieur de notre être. Cela fait un bien fou, la chaleur s’installe partout, on trébuche ; on ferme les yeux pour mieux ressentir tout ce qui nous entoure, le cocon fait son œuvre protectrice, et on en perd les mots, on crie, de bonheur. Cette première immersion laisse présager un avenir qui nous plait, on a envie de continuer pour voir si le plaisir peut grandir encore.

Une petite routine s’installe. Pas ennuyante, mais rassurante. On comprend que la première étape n’est qu’un début, on comprend que l’autre n’est pas qu’une histoire d’un soir, que le plaisir de découvrir est encore là, et qu’elle ne se résume pas à l’euphorie de la nouveauté, cette histoire. Alors commence les va-et-vient, rythmés, excitants, on revoit et on partage ces petits moments de couple, et on est rassuré par le plaisir qu’on y prend.

Tout cela continue, naturellement, sans calculer, sans réfléchir. On change de lieux, mais le cocon est toujours là, rassurant et excitant. On comprend qu’on se plait dans différentes positions, que le plaisir persiste aux intempéries et à la durée.

Et puis il y a la chute. Une belle chute. Celle dont on rêve. On s’oublie dans celle-ci, on ne contrôle plus rien, on crie notre plaisir, plus grand que tout ; seul le cocon persiste, les deux êtres ne sont qu’un, l’extase de cette unité explose, le monde n’est plus, seule compte l’unité, une unité orgasmique, et le ciment du couple coule au fond de nos êtres. On est amoureux. On tombe.

Cette chute nous a éprouvé, les doutes se sont installés, mais au final on en est conscient, et on s’étreint pour témoigner notre confiance, pour attester du plaisir partagé, pour faire comprendre à l’autre qu’on a entendu ses cris, et qu’il peut être rassuré. On ne le laissera pas tomber après cette nuit là. On se câline sans fin, la fatigue est secondaire, on sait que ce moment est plus important que tout, le cocon est fragile car le monde redevient réel, le couple doit prouver sa force. On sent grandir quelque chose en nous, quelque chose que l’on a construit à deux. Et au réveil de ces matins de doute, le couple est là, toujours émerveillé par l’autre, et désireux de poursuivre. Cette chose qui grandit commence à devenir concrète, on est heureux qu’elle soit là. Le couple s’agrandit.

Une nouvelle routine s’installe. Plus difficile. On doit résister aux tentations, prendre des décisions difficiles, faire des concessions. On n’est plus seul, il faut l’accepter, les êtres doivent rester eux-mêmes, et continuer à construire le couple, se préparer à une nouvelle arrivée. Cela grandit encore, ça devient visible, palpable. On lui prévoit une place, elle fait peur, mais c’est stimulant malgré tout. C’est nouveau, et au fond de nous on l’attend depuis toujours.

Elle naît, enfin. Cette petite chose nouvelle, fragile, mais prête à grandir. Le couple va l’élever. Elle a toute une vie pour grandir. L’amour est né.

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