jeudi 11 novembre 2010

Incompréhensions

Le cœur se noue. On marche sur des œufs, et je n’aime pas cette sensation.

J’ai besoin de mettre des mots, et surtout de savoir ce qu’ils signifient. Elles, plus pragmatique sans doute, agit sans que je le réalise. Théorie tu me rattrapes.

Sur son lit, dans ses bras, nous parlions depuis longtemps, comme à notre habitude. Mais cette fois là une question me brûlait les lèvres.

« Qui je suis pour toi ?»

Et elle a osé me devancer. Il faut croire qu’elle brûlait aussi.

J’ai réfléchi, et alors je lui ai dit :

« En fait, je fais semblant de ne pas savoir, mais je sais :
ce que je veux, c’est sortir avec toi ».

Elle n’a rien dit, elle m’a juste embrassé, intensément comme toujours. Mais son étreinte était peut être un peu plus forte, je ne me souviens plus ; mais en tout cas sa signification raisonnait bien plus fort en moi. Mes oreilles bourdonnaient de ces mots lâchés et de cette étreinte. Et elle n’a rien répondu, même si malgré les apparences, mes mots étaient aussi une question. Mais cela ne m’a pas fait mal. Je crois que le dire me suffisait sur le moment. Ca faisait déjà beaucoup.

J’étais bien, et je lui avais passé le témoin, sans crainte.

Je lui ai dit ensuite ce que cela signifiait pour moi. Et elle m’a dit ce que cela pourrait signifier pour elle. Mais que c’était trop tôt, qu’elle ne pouvait pas choisir, que j’arrivais trop tôt. Elle me le répète, parfois cela m’amuse, parfois cela me fait mal. Car j’ai l’impression d’entendre un reproche, alors que je n’y peux rien.
Alors j’ai accepté l’attente, parce qu’elle en vaut la peine. Elle s’est excusée de ne pas pouvoir être prête, mais je ne lui en voulais pas. Je pardonne tout à celui que je comprends. Et je la comprends.

Et tout s’est enchaîné. Plus vite que je ne l’attendais. Après quelques jours éloignés, deux à peine, elle a commencé à agir. Elle m’a invité à ses amis, pour me faire découvrir et partager ce monde que j’ignore, qui est important à ses yeux, et dont j’ai la curiosité. J’ai aimé qu’elle m’invite. Depuis que je lui ai dit mon attirance pour ce monde, je ne voulais pas qu’elle croie que c’est cela qui m’attirait en elle. Je ne voulais pas qu’elle croie que je me servais d’elle. J’attendais qu’elle me le propose, qu’elle nous fasse confiance, qu’elle assume de m’introduire. Je ne le réalise qu’aujourd’hui, mais elle m’a fait un cadeau, un très beau cadeau. Elle nous a fait un cadeau : elle nous a fait confiance.

Ce moment fut féerique. Je l’avais parfois imaginé, mais étrangement je n’avais jamais rêvé quelqu’un à mes côtés. Sans doute parce que je n’avais rencontré personne qui puisse avoir cette place : la place de l’initiatrice, de la confiance, du désir, du partage. Elle a rempli tous ces rôles à la fois. Mon calme, ma répartie, ma confiance, ma douceur, c’était grâce à elle. Parce que malgré la précipitation, l’impression de se jeter dans la gueule du loup, et les gouttes de sueur que m’ont values ma préparation, nous étions prêts à partager cela ensemble.



Je n’ai pas compris que ce soir là, pour elle, nous devenions un couple. Elle non plus, peut être. Mais au moins inconsciemment, elle en avait besoin. Car peu après, sur fond de quiproquo, je lui ai fait mal. Parce que je n’étais pas là, alors qu’elle m’attendait. Elle a admis sa contradiction, mais j’aurais pu comprendre. Comprendre que mon statut avait changé. Que ses actes importaient plus que son silence. Cette anicroche nous a rapproché. Je la désirais plus fort, plus violemment. Je lui ai fait l’amour, plus fort que jamais. Et je me retenais… Nous étions plus vrai l’un avec l’autre. Nous pouvions nous abandonner l’un à l’autre.

Alors sont venus les mots magiques. Elle a parlé de sentiments. J’en suis resté sans voix. Je l’ai prise dans mes bras, je l’ai embrassée. En réponse à ce que nous avions partagé lors de ma déclaration.

Et j’ai oublié de prendre le témoin au passage. Ses mots étaient un passage de témoin, mais je n’avais pas compris. Alors que je m’attachais aux mots, elle avait choisi d’agir. Voilà une de nos différences : j’avais choisi et je lui avais dit, mais je m’étais interdit d’agir en conséquence, pour me préserver. Elle n’avait rien choisi en apparence, mais avait agi en conséquence, elle se laissait aller. Je comprends que ces mots étaient un choix, sa forme de choix.

Aujourd’hui, j’ai le témoin entre les mains, j’ai les actes et les mots. Tout est réuni.


Hier elle m’a dit. Et demain j’agis.

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