samedi 2 août 2014

Lettre d'amour

Trois allumettes une à une allumées dans la nuit 




Cette nuit inattendue, imprévisible, éphémère, éternelle, intemporelle, sensuelle, captivante, rassurante. Qui dure encore aujourd'hui...


La première pour admirer ton corps onduler


Ce premier soir, toute de noir vêtue, tu étais telle un chat invisible, à la démarche si légère qu'on la remarque à peine, bien que diffusant une présence inévitable et envoutante... Je t'avais bien remarquée, sans pour autant te regarder, tu étais simplement cette beauté mystérieuse que je n'avais pas pu encore effleurer. Puis aux hasards de ces danses, nous nous sommes croisés, et ta curiosité m'a invité. Longtemps j'ai cru avoir découvert une nouvelle danse ce soir-là, ce n'est pas elle, mais toi, que j'ai découverte. Nos corps se sont enlacés, et nous avons commencé à faire connaissance, sans un mot. Nous avons commencé à écrire un poème, et nous continuions, d'un sourire, à nous inviter l'un l'autre à le poursuivre, au travers d'une nouvelle danse, écrivant chacun notre tour un nouveau vers. Quand je n'étais pas dans tes bras, je t'admirais sur le côté, parfois même depuis les bras d'une autre, je devinais ton corps sensuel derrière ces tissus noirs et virevoltants, qui te recouvraient. J'étais sous le charme de ta grâce, de tes formes parfaites, de ton assurance et de ta délicatesse, dans leurs bras ou dans les miens. Ce soir, tu m'as appris à m'oublier dans la danse, à m'exprimer sans limite, à écouter et à me dépasser. Même si sans doute, nous ne dansions déjà plus alors.



La seconde pour voir ton coeur


Il nous restait à nous découvrir derrière nos masques de danseurs. Pour cela il fallait revenir sur terre, et un peu maladroitement, tels des ados peu habitués, nous nous sommes revus, sans la danse pour nous exprimer ; nous osions à peine nous effleurer dans cette salle de cinéma, alors que la veille nous nous enlacions sans limite. Mais nous y avons pris plaisir, nous avons continué à nous découvrir avec les mots et les caresses. Et nous avons alors partagé bien plus qu'une danse, nous avons vu nos différences, nos ressemblances, nous avons été charmés par nos douceurs, nos écoutes, nos sincérités, et notre poème est devenu une histoire. Mais déjà tu voulais m'aimer plus que je ne pouvais l'accepter, plus que je ne pouvais le recevoir. Alors je t'ai imposé ce semblant d'histoire vraie, avec au-dessus de nos têtes cette date qui devait être notre fin. Je m'en sentais coupable, mais n'imaginait pas pouvoir faire mieux. Nous avons partagé une vie de couple avec tous ses plaisirs, même si mon coeur apeuré ne pouvait pas te suivre jusqu'où tu voulais aller. Nous avons profité de ce moment, pour apprendre à nous connaître, pour nous réchauffer, pour crier, pour nous rassurer.



La troisième pour te voir toute entière


Et contre toute attente, cette fin ne fut qu'un début. Elle est devenue cette forme de couple, nouvelle pour nous deux. Si légère et si forte. Imprévue. Nous avons continué à nous désirer, à nous découvrir, mais sans barrières cette fois-ci. Plus la barrière de la responsabilité, plus la barrière de notre fin programmée. Nous avons réussi à être nous-mêmes l'un avec l'autre, à nous écouter et à nous dévoiler. Nous avons cette connexion intellectuelle qui nous inspire tant, et nous nous plaisons à discourir de petits riens et de grands touts. Comme si nous avions atteint un équilibre qui nous avait si souvent manqué. Nous nous donnons autant que nous recevons, et cela nous plait, nous rassure, nous enivre.
Nous sommes parvenus à tant nous connaître, que nos danses, nos câlins, nos étreintes, n'en sont que plus intenses, beaux et belles. Et les plus beaux moments dans tout ça, ceux où je suis fier de ce que je te donne, sont ceux où tu ris sans pouvoir t'arrêter, ceux où tu cries de plaisir, ceux où je vois ton sourire de m'avoir à tes côtés, ceux où tu préfères rester avec moi plutôt que d'aller danser ! Et de mon côté, je me plais à te dire qui je suis, sans réserve, sans mensonge, je me plais à apprendre tant de toi, sur les gens, sur toi, sur moi. Et notre histoire continue encore de s'écrire, avec des chapitres qu'on n'imaginait plus, et qui nous font tant sourire.

Et l'obscurité tout entière pour me rappeler tout cela

En te serrant dans mes bras

C'est bien une lettre d'amour que tu attendais. Voilà ce que je peux, moi, t'offrir. Mon amour n'est pas tout, mais il est loin de n'être rien. Peut-être prendras-tu plaisir à la recevoir, autant que j'ai à te l'offrir. Je n'ai plus de culpabilité ; je n'ai peut-être pas pu tout donner, mais j'ai réussi à donner beaucoup, à recevoir autant. Nous sommes amants, amis câlins, confidents. Peu importe, nous n'avons pas besoin de nom pour le savoir.


Bref, tout ça pour te dire,

Je t'aime




1 commentaire:

  1. Je voulais profiter de ce billet pour te dire que je suis content d'avoir de tes nouvelles, J., mais il est tellement intime que je n'ose pas ! Ah, ben voilà, c'est fait tout de même. :)

    RépondreSupprimer